La dépression pré-natale : une autre réalité de la maternité. Témoignage…

Par Julia

Si l’on entend de plus en plus parler de la dépression post-partum et que la parole se libère, la dépression pré-natale elle, est encore un sujet très peu abordé voire carrément tabou ! Comment (s’)avouer qu’on est en souffrance psychique alors qu’on est sensée être comblée d’un bonheur absolu lorsqu’on apprend qu’on attend heureux évènement ? Comment imaginer qu’on soit chamboulée à ce point alors que le bébé n’est pas encore arrivé ? Même si la grossesse est une période (en grande majorité) heureuse chez une femme, les futures mamans ne sont pas pour autant à l’abris de la dépression. La peur du jugement et le déni d’un état qu’on ne se connaît pas poussent souvent à se taire mais le mal être n’en demeure pas moins un réel et peut devenir un cauchemar pour celle qui le vit.

 

La dépression pré-natale existe bel et bien. Elle est provoquée par le dérèglement hormonal de la grossesse et selon une étude américaine*, environ 10 à 16% des femmes sont touchées.

Aujourd’hui Marie (sur instagram : @marieinmay), heureuse maman de Jeanne, 2 ans, nous raconte…

Qu’est-ce que la dépression pré-natale ? Comment se manifeste-elle ? Quels sont les symptômes ?

La dépression prénatale est un épisode dépressif qui se déclenche pendant la grossesse, avant la naissance de l’enfant (contrairement à la dépression post-partum, qui se déclenche après l’accouchement). Chez moi, elle est apparue tout au début de celle-ci et j’ai rapidement compris que je faisais une dépression (sans pour autant comprendre qu’il s’agissait d’un phénomène véritablement lié à la grossesse) car, en ayant déjà vécu une par le passé, j’en ai reconnu les signes tels que l’absence totale d’émotions ou des accès de grande colère et de désespoir suivis de grosses crises de larmes.

"J'ai rapidement compris que je faisais une dépression : abscence totale d'émotions, accès de grande colère, de désespoir, suivis de grosses crises de larmes"

A quel moment as-tu compris que tu faisais une dépression pré-natale ? As-tu eu besoin d’un diagnostic d’un professionnel pour t’en rendre compte?

J’ai compris que je faisais une dépression quand, à la vue du test de grossesse positif et alors que nous voulions réellement ce bébé, qui était très désiré, j’ai dit à mon mari “il est positif” et non “je suis enceinte” et que je me suis recouchée près de lui (il devait être 4-5h du matin) en état de choc, presque en pleurant. C’est d’ailleurs ainsi que je l’ai également annoncé à ma Maman et à ma meilleure amie. Je n’arrivais pas à me réjouir de cet état.
J’ai appris l’existence de ce type de dépression grâce au podcast de la marque Jolibump appelé Nouveau Chapitre, lors de l’épisode avec Anne qui raconte qu’elle a elle-même vécu une dépression prénatale lors de sa première grossesse. J’ai alors lu son article de blog sur le sujet et c’est là que j’ai compris que c’était ce dont je souffrais depuis plusieurs mois. Je n’ai pas eu besoin d’un professionnel pour m’en rendre compte car j’ai eu la chance de savoir déceler les symptômes seule.

A quel moment ta dépression pré-natale est-elle intervenue ?

Elle est intervenue dès le début de ma grossesse, les prémices s’étant même montrés avant, à l’arrêt de ma pilule : des épisodes dépressifs profonds apparaissaient avant mes cycles puis laissaient la place à des accès de liesse intenses juste après mes règles. De manière générale je ne sais pas, je pense que cela dépend des femmes. La dépression prénatale d’une amie est également intervenue au tout début de sa grossesse

Comment prévenir les risques de dépression pré-natale ? 

J’avoue que je n’ai pas trouvé la solution… Je n’ai pas réussi à m’en sortir seule, elle a juste disparu à un moment donné… Donc même avec la meilleure volonté du monde, même en me disant “je vais aller mieux”, cela a été impossible à mettre en place concrètement… Mon amie atteinte du même mal a été mise sous antidépresseurs assez rapidement.

Combien de temps ta dépression pré-natale a-t-elle duré ? Cette dépression est-elle partie seule ou as-tu du mettre des choses en place ? Si oui, lesquelles ?

Elle a duré 6 mois et est partie d’un coup, c’était impressionnant ! Je n’ai pas forcément fait quoi que ce soit pour qu’elle s’en aille, elle s’est juste arrêtée.

As-tu fais une dépression post-partum ensuite ? 

Je ne pense pas (mais je n’en suis pas sûre, j’ai tout de même un gros doute), mais je me rappelle avoir été très affectée par la descente d’hormones, et ce pendant plusieurs mois. Donc je pense que les deux (dépression prénatale et post-partum) ne sont malheureusement pas incompatibles…

Quels sont tes conseils à une femme qui pense faire une dépression pré-natale ? 

Je lui conseille de faire part de ses sentiments tout de suite à la personne qui la suit dans sa grossesse (sage-femme, gynécologue, médecin généraliste…) et de demander de l’aide. Un suivi psychologique peut faire énormément de bien et être extrêmement déculpabilisant. Des antidépresseurs peuvent même être prescrits pour les cas plus graves, il est donc très important de bien en discuter avec son médecin pour qu’il/elle puisse tout de suite déceler le problème et ne surtout pas le laisser traîner !

Merci Marie pour ton témoignage qui va permettre aux futures mamans, on l’espère, de déculpabiliser età les inciter à consulter si elles se reconnaissent à travers tes mots !

Si vous ressentez de la tristesse, une baisse de moral, des pleurs, un découragement, une baisse de l’estime de soi, un manque de confiance et de motivation, de l’irritabilité, de la colère ou encore une fatigue anormale…n’ayez pas peur de prendre en charge le problème et de demander de l’aide à un professionnel de santé. Si vous connaissez une femme enceinte qui rencontre ce type de difficultés, parlez-en, elle sera soulagée d’apprendre qu’elle n’est pas seule !

*source : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2680254/

Merci infiniment Marie 

Retrouvez-la sur son compte instagram @marieinmay