Rencontre avec Delphine Petit, Kraamzorg à Amsterdam

A la première lecture, ce mot à prononcer « kramzor », a tout l’air d’un mot barbare pour des francophones comme nous. Pourtant, derrière ce mot se cache l’un des plus beaux métiers du monde ! Delphine accompagne les jeunes parents dans leur nouveau rôle, aide à l’allaitement, assure le suivi médical de la maman et du bébé, accompagne dans les démarches administratives, la gestion des repas, du linge, d’une partie du ménage…sa mission principale est de s’assurer du bien-être de la maman 8 à 10 jours après l’accouchement.

Nous on aurait envie d’appeler ça une fée!

 

Il y a quelques semaines, Delphine était d’ailleurs en live sur le compte de Mammasterclass (le live est dispo en replay ici). Elle nous parlait avec beaucoup de passion de son métier qu’on ne trouve qu’aux Pays-Bas. Aujourd’hui, nous sommes heureux de retrouver Delphine en interview sur le Mamma-Gazine. Maintenant que nous l’avons rencontrée, on ne pense qu’à une chose :  déménager à Amsterdam pour le petit dernier !   

La mission de la kraamzorg est de s'assurer du bien-être de la maman et de son bébé pendant 8 à 10 jours après l'accouchement

Peux-tu nous décrire ton métier et nous donner ses principales caractéristiques ?

Kraamzorg est un mélange de Sage-femme et d’auxiliaire de puériculture. Je m’occupe des mamans et des bébés à domicile après la naissance et pendant 8 à 10 jours. J’assiste également les sages-femmes lors des accouchements à la maison.

J’apprends aux nouveaux parents à devenir parents. J’aide pour l’allaitement et je donne beaucoup d’informations.Je suis en relation constante avec les Sages-femmes car j’observe, je rapporte et je signale ce que je vois. Je pèse le bébé et je fais le suivi médical de maman-bébé.

Je m’occupe également des petits déjeuner et déjeuner, du linge, je garde les toilettes et salle de bain propres et j’aide à gérer l’intendance. Plus généralement je m’assure du bien-être de la maman.

Quelle est l’histoire derrière ce beau métier ?

Depuis toujours il y a aux Pays-Bas de nombreuses femmes qui accouchent à la maison et de manière générale plutôt sans péridurale. Les femmes sont alors prise en charge par la kraamzorg qui vient pour s’occuper de la maison et de la famille.

Quelle est la formation pour devenir Kraamzorg ?

C’est une formation de 3 ans après le bac qui donne un diplôme d’état Néerlandais. En revanche nous devons nous former en continue (Premiers secours, allaitement etc.)

Quelle est la différence entre une Kraamzorg et une sage-femme ?

La Sage-femme suit la femme pendant la grossesse et pratique l’accouchement. Elle fait aussi le suivi postnatale et elle est responsable de la mère et du bébé. La Kraamzorg assiste la Sage-femme et lui transmet les informations.

Est-ce qu’il y a des hommes Kraamzorg ?

Oui mais très peu, je n’en connais aucun. C’est vraiment un métier de femme pour les femmes !

Comment bien choisir sa Kraamzorg ?

Le plus important c’est qu’il y ai un déclic, des affinités entre elle et vous. C’est important d’apprécier sa façon de travailler, elle va vous accompagner pendant 8 jours dans un moment de grande fragilité.

Il faut aussi qu’elle soit disponible donc c’est important de la contacter très vite.

Quelles sont les qualités à avoir pour être une bonne Kraamzorg ?

C’est important d’être flexible car les bébés arrivent sans prévenir. Il faut être bienveillante (vraiment) et ne pas juger les gens. C’est important d’avoir un grand sens de l’adaptabilité et savoir gérer des moments de stress. Évidemment il est recommandé de surtout aimer les gens.

A quel moment doit-on réserver sa Kraamzorg ?

Normalement autour de 12 semaines de grossesse, mais le plus tôt c’est le mieux.

Pourquoi ne prendre que 2 mamans par mois ?

Comme les bébés arrivent sans prévenir je dois laisser entre 10 et 15 jours entre chaque cliente sinon ça risque de se chevaucher et c’est compliqué à gérer. Après chaque famille nous devons aussi prendre du temps de repos car travailler 8 jours de suite c’est un rythme soutenu.

Combien coûte une Kraamzorg ?

C’est pris en charge par l’assurance,  mais certains parents doivent payer une franchise de 4,50€/H.

Comment se passe le suivi pour une femme qui a eu une césarienne, est-ce qu’elle rentre aussi dans la journée chez elle ?

En général elles restent 48h à l’hôpital et ensuite elles rentrent, et j’arrive. C’est la Kraamzorg qui fait le contrôle de la cicatrice.

Est-ce qu’une Kraamzorg habite complètement chez la famille pendant la durée de son travail ? Quelle est la durée de prise en charge ?

Non, bien que les parents aimeraient bien ! Mais je rentre le soir chez moi.
La durée de prise en charge, c’est 49h sur 8 jours et maximum 80h sur 10 jours (mais ça n’arrive presque jamais).

Quel est ton plus beau souvenir en tant que Kraamzorg ?

Mon premier accouchement dans une maison de naissance, il y avait moi, la Sage-femme et les parents. La petite Léa est née sous mes yeux émerveillés.

J’aime aussi assister aux rencontres entre les grands parents et le bébé c’est toujours beau et émouvant.

Qu’est-ce qui est le plus dur dans ce métier ?

Ne pas savoir quand tu vas travailler, travailler la nuit (si accouchement) et le stress que peuvent générer certaines situations. La maman et le bébé restent fragile, je n’ai pas le droit à l’erreur.

A-t-on avis, pourquoi ce métier n’existe-t-il pas en France ?

Culturellement en France les femmes accouchent massivement à la maternité et y restent plusieurs jours. Quand elles rentrent au bout de 4 jours, elles doivent se débrouiller toute seule. C’est très dur. Mais je suis très motivée à faire connaître mon métier en France afin de pouvoir aider ces nouvelles mamans qui ont besoin d’aide.

Merci infiniment Delphine 

Retrouvez-la sur son compte instagram @ama_kraamzorg_francaise